mercredi 11 juillet 2012

A l'origine, il y avait le gamay


Il y a 15 ans, alors que le Beaujolais souffre déjà de cette cuvée primeur internationalement connue comme « Beaujolais Nouveau », pas toujours qualitative et aux excès médiatiques, quelques vignerons  décident de se regrouper pour recentrer le débat autour des vins de terroirs souvent oubliés…Terroirs Originels est né.
Ce type de prise d’initiative et ces différentes volontés de communiquer sur les spécificités des terroirs et des produits, permettent aujourd’hui à cette région de se replacer sous les feux de la rampe.  

Je saute dans la voiture. Allons y.

Le mont Brouilly (crédit photo @terroirs originels)
En roulant à travers le vignoble, je laisse défiler le paysage. Des églises, des ruines médiévales, des chapelles romanes, partout. 

Et partout, « l’infâme et déloyal » gamay, chassé de Bourgogne par le duc Philippe le Hardi au 14ème siècle, pour le remplacer par le noble pinot. Ironique que ce même gamay vienne de réintégrer l’appellation de la grande Bourgogne.
On voit immédiatement que ce cépage n’évolue pas sur les mêmes terres. Les couleurs des sols sont variées, leur aspect changeant. Le granit rose laisse place à des roches plus noires et plus calcaires, tout en passant par des terrains sablonneux certainement très drainant pendant les pluies. 


On va se régaler, les gamay se suivront dans la dégustation mais ne se ressembleront pas...

Pour l’occasion des 15 ans de Terroirs Originels, le cuvage de Gérard Charvet, l’un des fondateurs et vigneron à Chénas, a été transformé en galerie de dégustation. 

Le fondement de Terroirs originels est née par la décision de certains vignerons représentatifs de leur appellation de réunir les forces logistiques et communicationnelles dans la distribution de leurs vins. De « l’harmonie dans la diversité », nous explique Cyrielle Jacquet, responsable de la communication. 
Ils sont aujourd’hui 25 domaines réunis en groupement, avec certains blancs du Mâconnais qui viennent d’entrer dans la ronde. Un point intéressant : seuls les artisans-vignerons sont acceptés au sein de Terroirs Originels, donc refus absolu de toute activité de négoce.

Commençons à déguster… Les vins sont nombreux, tous issus de crus différents, et le niveau est élevé. Cela est toujours bien une affaire de goût.

Les vins de Pascal Aufranc m’ont particulièrement fait de l’œil : tout en délicatesse, mais avec une belle concentration, un fruit aux accents poivrés, légèrement pivoine, vieille rose. 
@terroirs originels

Dans un autre registre, un coup de cœur pour la cuvée de l’enfer des Balloquets de Robert Perroud : le gamay est ici issu de la colline de Brouilly, il s’exprime intensément, le réglisse sort en final. On se tromperait sur le cépage à l’aveugle, sûr.
Les Beaujolais blancs sont également de belles découvertes avec une expression singulière du chardonnay.


L’apothéose de la dégustation vient avec ce magnifique cadeau que les vignerons de Terroirs originels décident de nous offrir : une verticale de quinze ans de gamay en bouteille

A noter : ne plus jamais affirmer que le Beaujolais est… « vous savez, ce vin à boire dans les deux ans, assez léger et fruité.. ». Pendant cette dégustation, tous les vins sans exception exprimaient encore beaucoup de fraîcheur et des identités bien différentes.


Puisqu’on ne peut malheureusement pas tous les citer,  je retiendrais tout particulièrement le Chenas 2007 de Pascal Aufranc, une gelée gourmande de cassis et une sensation de fraise mûre écrasée en bouche. 
Une autre belle surprise : le Pollen 2004, de Robert Perroud, au nom bien choisi, avec ses notes de cire d’abeille et miel d’acacia sur ce vin rouge généreux.
Mais lorsqu’on met le nez dans  « les roches » 2001 du domaine Lardy, le silence est religieux. La framboise poivrée sort du verre avec une fraîcheur incroyable. Le vin est soyeux, les tanins sont délicats. Tout en délicatesse, sur la pointe des pieds, des notes épicées de réglisse, de poivre, de cuir, arrivent tout doucement. L’enthousiasme est à son comble : une chance d’avoir pu déguster cette bouteille à son meilleur moment.
 
Un très grand merci aux vignerons pour la découverte de leurs vignes et de leurs vins. Et longue vie à ce Beaujolais aux découvertes infinies !

Laure
Pour plus d’information sur Terroirs Originels et sur les domaines et vins de chaque vigneron. 

3 commentaires:

  1. Enfin Un bel éloge du Beaujolais. Merci pour nos vignerons...

    Beaujolais wants to be Free !!!

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  2. Cela fait plaisir de voir cette belle région estimée à sa juste valeur pour une fois!

    Le Beaujolais fait certainement partie des région d'avenir du vignoble Français.

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  3. Merci pour vos commentaires et vos encouragements!

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